Le Centre d’études HETEROTOPOS (Université de Bucarest), en partenariat avec le CEREFREA Villa Noël, organise, les 18 et 19 avril 2016, le colloque international « Iles réelles, îles fictionnelles »
Iles Fortunées, Iles des Bienheureux, Iles Eternelles, îles enchantées, îles fantômes, îles errantes, îles du démon, îles chimériques, îles mystérieuses, autant d’hypostases qui renvoient à la diversité de visages qu’a pu prendre à travers les âges un espace singulier entre tous : l’île. Le thème insulaire semble représenter ainsi une véritable constante archétypale. Mais, si nous avons affaire à un « désir d’île » qui se manifeste invariablement tout au long des siècles, celui-ci prend, à chaque fois, les couleurs du contexte particulier qui le voit émerger, d’où la nécessité d’une historicisation de l’imaginaire insulaire.
En effet, malgré l’existence d’îles réelles découvertes, explorées et, à partir du XVe siècle, cartographiées dans le cadre d’un genre qui leur est entièrement consacré – l’Insulaire (Isolario) -, leurs représentations textuelles, imagées et mentales n’échappent jamais à une projection fantasmatique, étant ainsi placées, dans une mesure plus ou moins grande, sous le signe du fantastique. Iles mythologiques, séjours des morts, des âmes des justes ou peuplées de démons, îles paradisiaques ou infernales, pour ne prendre que les versions extrêmes, les espaces « iliens » (André Bourde) s’avèrent être des cadres propices aux (re)constructions imaginaires de toutes sortes. Et si le seul élément constant reste son isolement, sa séparation absolue d’avec l’espace continental, l’île s’affirme d’emblée comme un lieu essentiellement hybride, frappé des ambiguïtés les plus profondes.
Même de nos jours, l’île de Robinson est baptisée tantôt l’île de la Désolation, tantôt Speranza, trahissant l’ambivalence du vécu du protagoniste de Michel Tournier. Et c’est le même auteur qui nous signale, dans le Vent Paraclet, que Robinson, captif sur son île déserte, est à la fois la victime et le héros de la solitude, sa condition renvoyant à celle de l’homme occidental contemporain. Cela témoigne ainsi de l’actualité de cette problématique qui pourrait nous amener vers un questionnement multiple.
Nous nous proposons ainsi de revisiter le topos insulaire tel qu’il apparaît à la fois dans la « littérature géographique » et dans la fiction, toutes aires culturelles et géo-historiques confondues, selon quelques axes possibles :
1. Définitions de l’insularité
-l’île – quel type d’Ailleurs ?
-une hétérotopie ?
-marges et périphérie
-îles, archipels et espace continental
2. Vécus de l’insularité
-voyages et expériences insulaires
-espace rêvé//espace vécu
-ambiguïtés et dualités insulaires (locus amoenus/vs/locus horribilis ; espace féminin/vs/espace masculin ; diabolisation/vs/sacralisation etc.)
-l’isolement insulaire : espace de liberté, espace de captivité
-identités insulaires et stratégies identitaires d’insularisation
– « solutions insulaires d’altérité » (L. Boia)
3. L’île : construction symbolique et métaphorique
-géographie magique
-le mythe de l’île : utopies et dystopies
-écritures insulaires (du Livre des îles aux récits en archipel)
Suggestions bibliographiques :
L’île, territoire mythique, Etudes rassemblées par François Moureau, Paris, Aux Amateurs de Livres, 1989
Insula. Despre izolare şi limite în spaţiul imaginar, Volum coordonat de Lucian Boia, Anca Oroveanu, Simona Corlan-Ioan, Bucureşti, Centrul de Istorie a Imaginarului şi Colegiul Noua Europă, 1999
Au bout du voyage, l’île : mythe et réalité, actes publiés par Eliseo Trenc, Reims, Presses Universitaires de Reims, 2001
Frank Lestringant, Le livre des îles : atlas et récits insulaires de la Genèse à Jules Verne, Genève, Librairie Droz, 2002
Des îles en archipel…Flottements autour du thème insulaire en hommage à Carminella Biondi, Carmelina Imbroscio, Nadia Minerva et Patrizia Oppici (éd.), Berne, Peter Lang, 2008
Arlette Girault-Fruet, Les voyageurs d’îles : sur la route des Indes aux XVIIe et XVIIIe siècles, Paris, Classiques Garnier, 2010
De l’île réelle à l’île fantasmée: voyages, littérature(s) et insularité, XVIIe-XXe siècles, Diana Cooper-Richet et Carlota Vicens-Pujol (dir.), Universitat de les Illes Balears, Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines, Ed. Nouveau Monde, 2012
Comité scientifique :
Dolores TOMA (Université de Bucarest)
Philippe ANTOINE (Université Blaise Pascal, CELIS/CRLV)
Vanezia PARLEA (Université de Bucarest)
Comité d’organisation :
Dolores Toma (dolores.toma3@gmail.com)
Vanezia Pârlea (pvanezia@yahoo.com)
Les résumés des communications (15-20 lignes) doivent être envoyés au comité d’organisation avant le 10 février 2016.