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Les identités des supporters de football  en Europe centrale et orientale : quelles évolutions en trente ans ?     

Webinaire, vendredi 14 mai 2021

 

Quels territoires et quelle période ?

Les plus de trente ans écoulés depuis le moment 1989 et la chute du communisme en Europe centrale et orientale constituent une durée suffisamment longue pour permettre de trouver une réponse circonstanciée à la question de savoir comment les identités des supporters des clubs de football de la région ont évolué et ce que les éventuelles transformations peuvent nous apprendre sur ces sociétés. En premier lieu, il convient d’établir si 1989 représente dans ce champ du supportérisme un vrai moment de rupture, si on peut parler d’un T0 régional.  Du point de vue géographique, notre intérêt porte sur l’Allemagne de l’Est, la Bulgarie, la Hongrie, la Pologne, la Roumanie, la Slovaquie, la Tchéquie et les pays successeurs de l’ancienne Yougoslavie (Bosnie et Herzégovine, Croatie, Kosovo, Macédoine du Nord, Monténégro, Serbie, Slovénie), les anciennes républiques soviétiques et l’Albanie.

 

Quels enjeux de la (re)construction d’identités de groupe ?

L’analyse dialectique des ruptures et continuités par rapport au passé récent saurait éclairer plusieurs aspects de l’identité des supporters. D’abord, y a-t-il une évolution similaire à partir du même moment ou alors des processus isolés de (re)construction d’identités collectives ? Quels pouvaient être les enjeux de la construction d’identités de groupe dans des sociétés engagées dans la déconstruction du modèle sociétal communiste ? Le retour vers un passé sublimé et la critique sociopolitique du présent nourrissent l’imaginaire des supporters de la région, mais ces deux dimensions participent-elles d’un ethos qui transcende le supportérisme ?

 

Rapports au passé : ruptures, transformation ou continuités ?

Le supportérisme repose sur la valorisation symbolique d’un héritage. Pour les supporters des anciens clubs du pouvoir (armée, milice), resignifier leur équipe, l’investir d’autres valeurs dans le post-communisme a souvent été un passage obligé que ce webinaire tente de mettre à jour dans ses stratégies et variantes. Certains clubs, parfois très populaires sous le communisme, car défavorisé par les autorités, ont acquis un nombre important de supporters ou au moins un capital symbolique par cette fronde et les persécutions réelles (ou perçues). Pour leurs supporters, il était donc beaucoup plus aisé d’assumer le passé récent, mais la logique de la continuité dissidente a pu être confrontée à celle d’un renouveau sous l’influence des transformations sociétales profondes. Les contributions sur les continuités avec le supportérisme durant le régime communiste voire d’avant pour les supporters des clubs fondés avant 1945 s’inscrivent dans le périmètre de notre démarche.

Quelle politisation dans les stades ?

L’extrême droite est surreprésentée dans les travées de certains stades des pays visés, même là où son poids politique est négligeable. S’agit-il d’une extrême droite « du retour », puisant ses références culturelles aux fascismes d’entre-deux-guerres, où plutôt d’une extrême droite « moderne », qui fait du foot sa vitrine ?

La question de savoir quelle politisation s’opère parmi les supporters et comment s’avère centrale dans notre démarche analytique. Les chemins et les formes de la politisation constituent des piliers identitaires. Les tensions et rivalités issues des positionnements politiques différents entre supporters du même club, comme entre supporters d’équipes rivales, peuvent engendrer des clivages dont l’étude sera fort instructive. Seweryn Dmowski a réalisé une typologie géographique des rivalités footballistiques recoupant des conflits entre groupes ethniques. Les divisions sociétales et politiques ne se limitant point aux lignes de fractures ethniques, les interventions couvrant un spectre élargi des rivalités à l’impact identitaire seront également accueillies

 

Mondialisation et/ou ancrage identitaire : le parcours du supporter

La mondialisation pourrait être un vecteur de « normalisation », d’« homogénéisation » des supporters. Les clubs locaux perdent des soutiens en faveur des ténors de la Ligue des Champions. Dans ce contexte, soutenir l’équipe locale revêt des motivations sociales, politiques et identitaires dont les ressorts méritent d’être éclairés. Parfois, cela peut ouvrir les portes de la politique. Dans la région, les supporters organisés ont souvent servi d’instrument politique, voire de moyens de pression, tout comme la prise de contrôle d’un club pour en tirer des dividendes politiques a été monnaie courante.

 

Des identités régionales à l’instrumentalisation des supporters

La démocratisation aurait pu permettre dans ces sociétés l’expression de nouvelles (ou pas si nouvelles) identités, par exemple régional (comme en Catalogne). Analyser l’émergence de ces identités dans les stades représente un défi que ce webinaire se propose de relever. La Hongrie de Orbán Viktor utilise le foot comme liant symbolique des communautés hongroises au-delà des frontières, finançant des clubs en Roumanie, Serbie, Slovaquie, Slovénie et Ukraine. Cet exemple mis à part, la (non)émergence d’identités centrifuges parmi les supporters de la région peut constituer une thématique fertile. Le rapport à l’État, dans une région où tous les clubs étaient publics avant 1989, est lui aussi porteur de significations.

Diaspora et nouvelles infrastructures : quels impacts ?

L’Europe centrale et orientale connaît une émigration massive et les jeunes sont les plus nombreux à partir. L’impact de cette dynamique migratoire sur l’identité des supporters, qu’il s’agisse de la croissance d’un supportérisme de la diaspora où d’une baisse de l’intensité du phénomène, constitue également un axe de recherche possible.

L’évolution des infrastructures (nouveaux stades) pourrait à son tour peser sur la construction des identités et les contributions envisageant de tester cette hypothèse sont bienvenues.

 

Quelle place pour la violence dans les cultures des supporters ?

Une histoire culturelle des influences ultras sur le supportérisme de la région sera riche d’enseignements sur le rapport à l’Occident. Si les années 1990 ont été dominées par la matrice italienne, la suite est plus diverse. Plus les arènes occidentales ont développé une intolérance à la violence, plus certains groupes de l’Est ont cherché à s’illustrer sur ce terrain (surtout en Pologne). Savoir quel rôle peut encore jouer aujourd’hui la violence dans la construction identitaire des supporters d’Europe centrale et orientale est une autre piste à explorer.

Dans cette perspective, les organisateurs lancent un appel à contributions pour participer à un webinaire intitulé « Identités des supporters de foot en Europe centrale et orientale : quelles évolutions en trente ans ? », qui se tiendra en ligne le vendredi 14 mai 2021. Pluridisciplinaire, il est ouvert aux chercheurs de tous horizons.

Langue de travail : Français et anglais. Certaines sessions seront en français d’autres en anglais.

 

Procédure de soumission :

Nous vous invitons à soumettre votre contribution en envoyant un résumé détaillé (10 lignes minimum) en format PDF ou Word simultanément à

Robert Adam (Robert.Adam@ulb.be)

Jean-Michel De Waele  (Jean-Michel.De.Waele@ulb.be)  

au plus tard le 15 mars 2021

Les propositions n’excèderont pas 250 mots et incluront obligatoirement un titre et l’affiliation de l’intervenant. Les auteurs seront informés de la décision les concernant de manière continue.

Les interventions retenues seront annoncées le 1er avril 2021